ATELIER VIRTUS

Hildegarde de Bingen

Posté le 2024-01-13
preview

Une vie hors du commun

Pour compléter la description de la châsse Sainte Hildegarde, il est bon de s'attarder sur la personnalité hors du commun de Hildegarde de Bingen.

Issue d'une famille de la petite noblesse, elle est destinée dès son enfance à la vie monastique. Elle passe l'essentiel de sa vie en Franconie Rhénane, aujourd'hui la région Rheinhessen (Mainz, Worms).

Elle prend le voile en 1112 (1113 ?) puis devient prieure du monastère bénédictin de Disibodenberg avant d'en devenir abbesse en 1138.

En 1150, elle fonde l'abbaye de Ruperstberg. Quinze ans plus tard, elle fonde un autre monastère à Eibingen, sur l'autre rive du Rhin.

A quatre reprises, elle part en prédication en Rhénanie, en Lorraine, et rencontre un succès grandissant. Elle visite des monastère mais aussi des grandes villes, prend la parole sur la place publique. Sa prédication, prophétique, est inséparable de ses visions.

En 1178, le couvent est frappé d'un interdit d'excommunication. Un jeune homme précédemment excommunié a été inhumé sur les terres du couvent, Hildegarde ayant eu confirmation de ce que le jeune noble s’était réconcilié avec l’Église. Tenace, elle prend la plume et adresse une lettre au chapitre cathédral de Mayence et obtient finalement gain de cause.

A sa mort, elle est déjà considérée comme une sainte par le peuple. Elle est déclarée comme telle sans plus de formalités à la fin du XVIème siècle. La reconnaissance officielle n'arrivera que bien plus tard, avec Benoit XVI en 2012.

Châsse

 

L'image d'Hildegarde qui s'est répandue après sa mort a été durablement déformée. Le prieur de l’abbaye d’Eberbach, le moine  Gebeno, rédige un Miroir des temps futurs (Speculum futurorum temporum) dans lequel il compile exclusivement les écrits d'Hildegarde liés à l'apocalypse. Ce livre rencontre un grand succès dans les communautés religieuses et est largement recopié et diffusé.

Si l'intention de départ est louable (il s'agit de tempérer les peurs suscitées par les prophéties joachimites), l'image de Sainte Hildegarde se trouve réduite pour plusieurs siècles au rôle de prophétesse de l'apocalypse.

Visions

CosmosRapidement, elle est sujette à des visions mais hésite à en parler. Elle se confie vers 1120 à son conseiller et secrétaire, le moine Volmar. Avec l'aide de Bernard de Clairvaux, elle reçoit l'appui du pape Eugène III en concile à Trèves, qui l'encourage dans cette voie. Le premier recueil de visions, le Scivias (Sci vias Dei, Connais les voies du Seigneur), est achevé en 1151.

Puis le Liber vitae meritorum (Livre des mérites de la vie, vices et vertus) est achevé en 1163 et le Liber divinorum operum (Livre des oeuvres divines) en 1174.

Porteuse d'un message qui la dépasse, elle n'hésite pas à s'exprimer avec force et liberté face aux puissants de son époque : le papes Eugène III, Anastase IV, Adrien IV et Alexandre III, les empereurs Conrad III et Barberousse...

Vie monastique

La règle de l'abbaye de Ruperstberg est particulière, et critiquée : "Les nonnes chantent des psaumes debout dans le choeur, les cheveux déliées, et parées de voiles de soie blanche éclatants dont le bord touche le sol. Elles ont sur la tête une couronne dorée où sont harmonieusement incrustées des croix sur les côtés et sur la nuque, et une image de l’Agneau sur le front. On dit aussi que les soeurs ont à leurs doigts des anneaux d’or".

Pour Hildegarde, la religieuse se présente au Christ comme la mariée à son époux.

Musique, botanique, linguistique

De même, l'usage systématique de la musique et du chant déplaît aux autorités religieuses.

Elle compose aussi des cantiques, un drame lithurgique, des mélodies.

On lui doit encore deux ouvrages sur l'étude de la nature et des plances médicinales : Physica (De la nature), décrit les remèdes qui peuvent être obtenus des plantes et des animaux. Et Causae et curae (Causes et remèdes), receuil d'indications médicales.

RiesenCodexLe Riesencodex (Codex géant) contient la seule reproduction connue de la Lingua Ignota (folio 461 et suivants), un lexique ordonné de 1011 mots. L'usage nous en est inconnu. Le paragraphe se termine par un alphabet de 23 caractères, les Literae ignotae.

L'univers religieux du moyen-âge balance entre les origines, le paradis perdu, et la fin des temps, l'apocalypse. Il est probable que cette Lingua Ignota soit une tentative pour retrouver la langue du paradis, utilisée par Adam avant le péché originel.

Références :